Récit de voyages... Partie 3

N'oubliez-pas l'hospitalité; car en l'exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir. Hébreux 13 : 2

Nous continuons notre périple et roulons de ville en ville en espérant vivre de belles rencontres. Nous ne serons pas déçues. Visiter un pays sans pouvoir aller au contact des habitants et de leur quotidien me paraît inenvisageable. Pourtant, ce n'est pas toujours facile de savoir quelle est la juste mesure entre spontanéité et réserve, confiance et prudence pour ne pas risquer de déboires comme nous l'avons déjà expérimenté en début de voyage.

Nous nous rendons dans un salon de thé et nous sommes ravies de pouvoir goûter un thé à la menthe agrémenté de fruits secs après nos heures de voiture dans le désert. Nous prions discrètement dans ce salon tout en savourant le thé fumant. Le propriétaire me fait faire une visite de l'arrière salle où je découvre de jolies peintures et où nous discutons un peu. J'aime poser des questions et découvrir l'univers des personnes que je rencontre. Je lui dis en le quittant que je trouve l'atmosphère de ce lieu empreinte de paix et que je me sens bien. Il sourit discrètement, son regard dégage de la lumière. Nous apprendrons le lendemain qu'il est chrétien.

Nous repartons vers un autre village et nous nous arrêtons sur une route au milieu de nulle part. Il est presque midi et le soleil nous brûle. Je pense à toutes les femmes voilées et couvertes que nous avons rencontrées depuis notre arrivée et je comprends qu'ici, au-delà de la religion pratiquée, c'est vital.

C'est désertique mais nous avons vu une maison où, semble-t-il, des poteries sont fabriquées. Nous sommes effectivement chez un potier. Et quel potier !

Je repense à un autre voyage, cette fois-ci en Europe, où, dans une rue remplie de magasins vendant à l'identique sur un kilomètre des objets à l'effigie de la ville et tous "made in China", j'étais tombée sur la boutique d'un tannier, seul rescapé de la folie des produits toujours moins chers, sans originalité et sans âme. Cette rencontre m'avait beaucoup touchée car elle m'avait encore fait davantage prendre conscience de la tragédie de la perte des savoirs-faire dans nos sociétés modernes. Il prenait sa retraite le mois suivant sans personne pour poursuivre le labeur de toute une vie.

Je ressens la même chose dans ce lieu. La passion d'un homme pour son métier qui tour à tour nous invite à marcher sur l'argile, toucher et créer sur le tour, visiter ses fours exposés en plein soleil. Il est heureux de nous faire découvrir son métier, je suis passionée par ses explications. C'est peu dire, nous restons plus longtemps que ce que notre programme de la journée nous avait laissé envisager. Le thé nous est servi.

Nous parlons de sa famille et nous lui proposons de prier pour lui. Il est très touché par les mots de la prière. Je prie pour lui avec tout l'amour et la compassion que je ressens alors que je ne le connais pas.

Nous nous disons au revoir en espérant pouvoir, peut-être, un jour nous revoir. Qui sait ? Il y a des rencontres improbables qui mènent vers des amitiés profondes.

L'hospitalité et la générosité de cet homme m'ont bouleversée.

Nous oublions parfois en tant que chrétiens que l'hospitalité est un commandement. Je te remets ici le verset qui en parle dans l'Épître aux Hébreux dans la Bible.

"N'oubliez-pas l'hospitalité; car en l'exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir."

Je ne parle pas ici d'un devoir religieux que tu pourrais exercer et de la contrainte qui peut en découler.

Je parle simplement de ton coeur que tu peux mettre à nu devant Dieu pour lui demander d'élargir ce qui est peut-être étriqué en toi. De demander à Dieu plus d'amour et de patience si tu as du mal à aimer ou à supporter les autres autour de toi ou si des visites spontanées te mettent mal à l'aise parce qu'elle dérange ta tranquilité quotidienne.

Nous pouvons tous grandir dans ce domaine et je t'invite à y réfléchir et à demander au Saint Esprit de te montrer ce qui peut changer en toi et de t'aider à grandir dans ce qui est encore trop limité.

Je termine avec ce verset que Nilza nous a répété tout au long de notre voyage et qui résonne dans mon esprit alors que j'écris cet article. Tu le trouveras dans le livre d'Ésaïe au chapitre 54.

"Élargis l'espace de ta tente."